Par Morgane Carré, Sophie Deschamps, Héloïse Niord-Méry, et Elsa Pereira 

Les vacances approchent. Le sable commence déjà à chatouiller vos orteils. Le soleil à brûler vos épaules. Avant de finir votre valise, voici quelques conseils de livres à emporter avec vous ou de séries à regarder en solo ou entre potes. Cette année encore, pas question de laisser les questions de genre ou encore de male gaze à la station service de l’A4, chaussez vos lunettes de soleil féministes !

[BD] Ils abusent grave, d’Erell Hannah et Fred Cham
Ed. Les Insolentes, 24,95 euros 


Cet été, retrouvez la version papier du blog BD “Ils abusent grave” au format brique de 240 pages. Découpé en 5 parties thématiques, l’ouvrage reprend des strips digitaux existants mais également des inédits, pour parler intelligence, pop-culture, violence et empathie, justice, ou relations amoureuses et amicales. Les sujets sont sérieux et complexes, mais très bien expliqués, et servis avec beaucoup d’humour. On aime beaucoup ce combo chez Sorocité, et on ne dit pas ça parce qu’on adore les auteurices ! HNM
[Essai] Des Femmes et du style. Pour un feminist gaze d’Azélie Fayolle 
 Ed. Divergences, 16 euros
 
Laura Mulvey a théorisé le male gaze. Iris Brey, le female gaze. C’est au tour de la chercheuse Azélie Fayolle d’ajouter sa pierre à l’édifice en proposant le feminist gaze. Dans un essai passionnant, bourré de références, elle explique pourquoi il est essentiel de politiser “ce regard féminin”, longtemps cantonné à la littérature “du dedans”, celle de l’intime et du bavardage. Un texte limpide qui éveillera de nombreuses idées de lecture ! EP 
[Mini série] State of the Union de Nick Hornby 
sur Arte.tv jusqu’au 31 octobre

Deux couples au bord de la rupture (Rosamund Pike et Chris O’Dowd pour les quadras de la saison 1, Patricia Clarkson et Brendan Gleeson pour les retraités de la saison 2) auscultés par Nick Hornby (au scénario) et Stephen Frears (à la réalisation). Une série british irrésistible d’intelligence et de drôlerie qui vient questionner notre rapport au couple (hétérosexuel). C’est léger pour l’été, et promis, vous ne verrez jamais le canapé de la psy. À regarder avec ou sans sa moitié, autour d’un verre de vin blanc ou d’une pinte de Kilkenny. HNM
[Essai] Vieille peau de Fiona Schmidt 
Ed. Belfond, 20 euros
 
Fiona Schmidt n’est pas vieille. Mais elle est déjà trop vieille dans l’empire du Male Gaze pour jouer la femme de George Clooney au cinéma, pour les quarantenaires sur les applis de rencontre ou encore pour que l’on accepte de la laisser choisir de devenir mère (si tard !) ou de ne pas saisir sa dernière chance (quel gâchis de gamètes !). En s’attaquant aux mécaniques des discriminations liées à l’âge et au tabou ultime de la ménopause, Fiona Schmidt dévoile une nouvelle facette des inégalités de genre. Elle appelle à resserrer les liens intergénérationnels, à penser son propre vieillissement et à accompagner cet inéluctable processus avec amour et selfcare, cette expression qui ne trouve, quel hasard, aucune traduction littérale en langue française… MC 
[Essai] Au non des femmes. Libérer nos classiques du regard masculin, de Jennifer Tamas
Ed. Seuil, 23 euros
 
Voici un essai érudit et passionnant qui se lit comme un roman ! En partie parce que son autrice, Jennifer Tamas, passe au laser féministe les classiques du XVIIᵉ siècle : La Princesse de Clèves (Sarkozy en prend pour son grade au passage), Les Liaisons dangereuses, Andromaque ou Bérénice. Mais, on y croise aussi Marilyn Monroe. On a même droit à une relecture totalement jubilatoire des contes de fées de notre enfance, enfin débarrassés du male gaze. L’histoire de femmes qui, à leur manière, ont su dire non aux hommes et contourner finement l’insupportable domination masculine de leur époque. Un vaste matrimoine à dévorer sans modération ! SD
[Roman] Petite sale de Louise Mey
Ed. Le Masque, 21,50 euros

Après le choc de La Deuxième Femme, on attendait avec impatience le nouveau thriller de Louise Mey ! Celui-ci nous emmène dans un champ de betteraves, dans le nord de la France. Une exploitation agricole qui devient le théâtre de la disparition d’une enfant. On avance dans ce roman policier en tension, dans une atmosphère pesante, boueuse. Comme dans son précédent livre, Louise Mey glisse sous l’intrigue principale une étude cinglante des jeux de pouvoir entre dominant/dominé, hommes/femmes. C’est profondément intelligent et particulièrement addictif. EP 
[Essai] Les hommes hétéros le sont-ils vraiment ? de Léane Alestra 
Ed. JC Lattès, 20, 90 euros 
 
Créatrice du podcast et média Mécréantes, Léane Alestra a signé un des essais de l’année. Le sujet ? Le conditionnement à l’hétérosexualité, en particulier chez les hommes. Pour démontrer cette injonction, l’autrice traverse un certain nombre de points, de l’impératif à la virilité, à la question du boys club, en passant par la misogynie intériorisée, et la question moderne de l’amour romantique. L’analyse est d’une grande finesse, et chaque argument dûment illustré par la littérature (Dracula), la philosophie (Foucault), la sociologie (la gay panique) ou encore l’histoire (Saint Augustin et les rois de France). Prenez un petit crayon avec vous, vous aurez envie de tout souligner.  EP 
[Mini série] Aspergirl de Judith Godinot et Hadrien Cousin
sur OCS


Alors qu’elle consulte pour diagnostiquer son fils Guilhem, Louison (38 ans) apprend qu’elle présente un trouble du spectre de l’autisme. C’est vrai, la série doit beaucoup à Nicole Ferroni, absolument parfaite dans le personnage de Louison. Mais pas seulement. Dans un monde validiste où les représentations sont plus que rares, Aspergirl est une bouffée d’air frais, d’autant qu’elle n’aborde pas que la question de l’autisme, mais également l’amour maternel, la précarité, l’injustice sociale, la sexualité… Bref c’est vraiment bien et surtout très drôle. EP
[Essai] Selfie: Comment le capitalisme contrôle nos corps de Jennifer Padjemi
Ed. Stock, 20,90 euros 
 
Le corps est politique. Dans un passionnant essai écrit à la première personne, la journaliste Jennifer Padjemi interroge notre rapport aux réseaux sociaux et à l’apparence, et dissèque avec méthode la standardisation misogyne et raciste de la beauté. Comment le capitalisme s’est repu des failles de notre estime de soi pour nous assujettir un peu plus. Comme toujours la démonstration est arrosée de références à la pop culture : d’Euphoria, à Nola Darling et ne laisse aucun angle mort, de la création de l’IMC à l’afrotaxe.  EP 
Publié par :sorocité

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