L’abandon du soutien-gorge a gagné du terrain pendant le confinement. Loin du regard des autres, certaines ont apprivoisé le fait de ne pas en mettre. Jusqu’à sauter le pas et sortir sans. Mais le saut n’est pas toujours facile et ne se fait pas du jour au lendemain.
Cinq femmes nous ont raconté leur ressenti face à cet accessoire.
Elisa 23 ans
Je pense que comme beaucoup de jeunes filles, dès que mes seins ont commencé à pousser, j’ai voulu porter un soutif pour montrer que j’étais « une femme ». Ce qui aujourd’hui me paraît un peu absurde.
J’ai porté des soutifs tous les jours (excepté en journée pyjama) pour soutenir ma poitrine. Mais voilà maintenant quelque temps que dans mon entourage, je vois des filles arrêter de porter un soutif, pour leur propre confort ou par ras-le-bol.
Je me disais tout le temps « mais toi, c’est plus compliqué, tu as des gros seins, ils vont gigoter dans tous les sens et frotter à ton t-shirt, ça va être chiant, et puis les gens vont le voir tu vas te prendre des remarques… ».
Avec le confinement, j’ai comme qui dirait oublié l’existence de mes soutifs. Quand je sors pour aller faire mes courses ou prendre l’air, je n’en porte pas, ou bien, je mets un haut qui ressemble à une brassière en dessous de mon t-shirt. Et en fait, tous les aprioris que j’avais avant, sur le fait de ne plus porter de soutifs avec la taille de mes seins, se sont comme envolés et je n’y pense même plus. Je me dis : « mais meuf tu ne te rases plus les jambes ni les aisselles depuis un moment, pourquoi tu ne laisserais pas aussi tes seins tranquilles ? ».
« J’ai commencé à réfléchir à ce qu’il représente pour moi et pourquoi je le porte »
Marie 29 ans
J’ai aussi remarqué que durant ce confinement, j’avais totalement laissé tomber le port du soutien-gorge à la maison. Pour autant, dès que je sortais faire mes courses, il était inclus dans ma tenue.
Je n’ai pas l’impression de porter des soutiens-gorges pour répondre à une norme, ni même parce qu’il serait une façon pour moi d’exprimer ma « féminité » avec de jolis seins arrondis. En réalité, je le porte pour une raison pratique et pour le confort. Quand je fais du sport ou même à la maison, je porte une brassière. Quand je sors, je mets un soutien-gorge, pour soutenir mes seins. Je me déplace beaucoup à vélo, à pieds, et je n’aimerais pas les sentir secoués.
Je pense peut-être aussi attirer moins l’attention sur mes seins s’ils sont maintenus et ne bougent pas dans tous les sens. Donc, non, je ne laisserai pas tomber le « soutif » mais j’ai effectivement commencé à réfléchir à ce qu’il représente pour moi et pourquoi je le porte.
« Pendant longtemps je pensais que la bienséance m’obligeait de porter un soutien-gorge car c’était vulgaire de ne pas le faire. »
Maud 38 ans
Oui ! Je me suis lancée pendant le confinement, et je ne reviendrai pas en arrière. Quelle libération ! Depuis 25 ans que je portais ces carcans de froufrous je ne questionnais même plus ce geste, je me contentais de reléguer en arrière-plan la (vague ou réelle) gêne que ça me procurais. Je n’ai pas une grosse poitrine et je n’ai pas mal au dos ou aux seins à la fin de la journée. Je mets une brassière de sport pour faire du vélo ou du fitness et c’est tout. Je suis même allée travailler et j’assume sans difficulté l’absence de « soutif » (même habillée légèrement).
Morgane
J’ai commencé un peu avant le confinement, progressivement, en fonction des situations de la vie courante jusqu’à ne plus en mettre du tout. Un vrai bonheur et une vraie libération. Pendant longtemps je pensais que la bienséance m’obligeait de porter un soutien-gorge car c’était vulgaire de ne pas le faire. J’ai seulement pris conscience que c’était faux à l’âge de 28 ans ! Je n’ai pas prévu d’en porter à nouveau mais je n’arrive pas a m’en séparer pour autant. Prochaine étape !
Armelle 60 ans
Au début des années 1970, je me suis complètement identifiée à la chanson Di Doo Dah interprétée par Jane Birkin et écrite par Serge Gainsbourg. En particulier à cause des paroles suivantes : « les autres filles ont de beaux nichons, et moi, moi, je reste aussi aussi plate qu’un garçon, que c’est con ».
C’était en 1973, j’avais 14 ans , des courbes presque inexistantes, première génération post 1968 très libre, pas de diktats familiaux alors le soutien-gorge, j’ai fait sans ! Bien sûr j’en ai porté à des moments bien particuliers de ma vie, comme la grossesse-maternité, certaines activités sportives ou comme accessoire de jeux de séduction, mais au quotidien no thanks!