Chez Sorocité, nous ne saurions vous dire si l’année 2020 s’est écoulée aussi lentement qu’une journée pluvieuse ou est passée plus vite que l’éclair. Car, pour nous (et même si on aimerait la rayer de nos mémoires à bien des égards), l’année 2020 est aussi celle de la naissance de ce média que l’on a tant imaginé et souhaité.
Une aventure qui nous a procuré, il faut bien l’avouer, des sueurs froides et quelques nuits d’insomnies, mais surtout une effervescence d’idées, d’envies, des élans d’espoir et de joie, aussi. Et naturellement, des instants précieux de sororité. En somme, tout ce dont nous avions besoin en cette période plus que violente, qui a bouleversé comme jamais toutes nos existences.
Ce sont ces moments de doutes, de rires et d’espoirs que nous souhaitons vous raconter dans ce numéro (forcément) pas comme les autres. Vous donner un petit aperçu de notre quotidien, de ce qui nous motive chaque jour et qui, on l’espère, continuera de vous donner envie de nous lire.
Mais surtout, nous tenons à vous remercier, puisque c’est grâce à votre soutien, vos témoignages, votre fidélité et votre bienveillance que Sorocité a germé, est sortie de terre et continuera de pousser !
Marguerite Nebelsztein

Dans ma tête, l’envie d’un projet de média féministe naît il y a quelques années, alors que je ponds difficilement mon troisième article de la journée pour un site d’actu féminin. À l’époque, je travaille avec Léa Drouelle, qui partage mes convictions féministes et ce besoin de revenir aux fondamentaux du journalisme. C’est-à-dire aborder des thématiques qui nous sont chères, et surtout prendre le temps de le faire. Donner la parole aux lectrices et aux lecteurs me semble aussi essentiel. Je dis d’ailleurs souvent que personne n’a bac+12 en féminisme : nous grandissons ensemble, chaque voix compte.
L’idée de lancer un média correspondant à nos valeurs et nos aspirations s’immisce rapidement dans la conversation. Léa me présente deux autres journalistes féministes : Elsa Pereira et Charlotte Arce. Quelques réunions et nous voilà toutes les quatre embarquées dans l’aventure.
Réalisant que la patte créative d’une graphiste nous sera indispensable, Elsa propose à Héloïse Niord-Méry – directrice artistique et féministe convaincue – de nous rejoindre. Elle deviendra notre illustratrice attitrée. L’équipe de choc est constituée, il ne reste plus qu’à lancer le projet !


Elsa Pereira
Je me souviens encore de l’odeur de la bière artisanale que je buvais quand Léa m’a présentée Marguerite. Nous étions sur des chaises inconfortables dans un micro bar de Paris. Je cherchais mes mots pour convaincre Marguerite : “Mais tu es sûre que tu veux le lancer avec moi, on vient à peine de se rencontrer ?” Léa, elle, était persuadée que le courant passerait. Nous avons partagé des tartines salées toutes les trois, trinqué plusieurs fois et le projet était lancé. Il a évolué aux côtés de Charlotte et d’Héloïse, qui lui a donné son empreinte dans le monde.
Si Sorocité a bourgeonné au printemps, c’est en hiver qu’il est vraiment né. Nous nous étions retrouvées loin de nos vies toutes les cinq dans un appartement à Dieppe (la mer aide à réfléchir). On avait fait le voyage en voiture collées serrées, à essuyer frénétiquement la buée que nos méninges exhalaient. J’étais enceinte jusqu’aux oreilles, j’avais embarqué mon coussin de grossesse qui prenait toute la place dans la Citroën. On avait mille idées à la minute, qu’Héloïse griffonnait sur des post-its qui ont envahi le salon. C’est au cours de ce week-end pluvieux de novembre que l’on a concocté l’ADN de Sorocité : un média féministe dans lequel nos articles seraient prolongés par les témoignages de nos lecteur·rices. Une manière d’écrire et d’avancer ensemble.


Léa Drouelle
Avril 2020. Elsa nous “convoque” en visio : “Les filles, je pense qu’on devrait se lancer avant la fin du confinement”, nous lance-t-elle. Panique générale. “C’est pas possible, on est pas prêtes !”. Mais dans le fond, aucune d’entre nous n’a envie de dire non. Alors, et je ne sais plus exactement comment, notre réunion virtuelle s’achève par cette promesse : “Ok, on se lance !”
Sorocité, ça faisait plus d’un an qu’on en parlait. Qu’on enchaînait les ateliers, les conf’ de rédac et les longues discussions à la terrasse d’un café situé face à la gare Saint-Lazare, qui à l’époque (celle qui n’avait pas encore rencontré le Covid), nous servait de QG.
Après tout, c’était sans doute le meilleur moment pour se lancer. Confinées pour encore quelques semaines, c’est donc assignées à domicile et sans se voir « IRL » que nous enclenchons la vitesse supérieure. Nous bouclons notre sujet de lancement, alertons tous nos contacts, rédigeons nos bio, publions nos premiers posts sur les réseaux sociaux…
Pendant ce temps, Héloïse planche sur l’illustration du premier article et s’empare de nos trombines pour les sublimer aux couleurs de Sorocité. Et soudain, enfin, notre média prend vie.
À J-2, tout est prêt… ou presque. Nous profitons du répit octroyé par la Fête du travail pour mettre sur pied la maquette de notre newsletter 0. Aux alentours de minuit, le souffle court, Héloïse presse le bouton “programmer l’envoi”. Un événement suivi de près par chacune d’entre nous, suspendues à nos smartphones.
Le 2 mai, à 9 heures précises, le tout premier numéro de Sorocité arrivait dans votre boîte mail.


Charlotte Arce
Je me souviens très bien de cette conférence de rédaction. Nous étions en avril 2020, en plein confinement, et j’étais à la maison avec mon conjoint, mon fils de trois ans et demi et ma fille de deux semaines. J’ai lancé la visio les écouteurs vissés sur les oreilles pour ne pas la réveiller, car elle roupillait dans la même pièce. J’étais motivée comme jamais, mais aussi un peu paniquée. Ça ne m’a pas empêchée de proposer d’écrire le sujet de la toute première newsletter : accoucher en pleine pandémie. Un sujet qui me tenait particulièrement à cœur, moi qui avais dû faire tout mon séjour à la maternité sans visite, tandis que d’autres femmes devaient mettre au monde leur enfant sans leur conjoint·e à leurs côtés.
Mais lorsqu’il a fallu commencer à écrire, la tâche m’a soudainement parue insurmontable. J’avais des montagnes d’heures de sommeil en retard, un enfant en bas âge qu’il fallait occuper du matin jusqu’au soir, en plus de mon nourrisson. Résultat, pendant quinze jours, j’ai travaillé en pointillé, écrivant des phrases par-ci par-là en espérant pouvoir tenir les délais.
C’était sans compter sur mes incroyables consœurs qui, avec bienveillance, m’ont aidé à terminer mon article. Cela m’a permis d’expérimenter la sororité, une notion si chère à nous toutes. Puis, pendant les premiers mois de vie de Sorocité, elles m’ont laissé souffler. “Prends ton temps” a été la phrase que j’ai la plus entendue pendant nos réunions. Je leur en suis infiniment reconnaissante car, quand je suis revenue pleinement dans l’aventure en septembre, j’ai pu écrire des articles dont j’étais vraiment fière et qui m’ont convaincue que j’avais toute ma place dans la team Sorocité.


Lowiz
Quand Elsa m’a contactée, je sortais de la réunion d’information pour devenir bénévole au sein du Planning Familial. Je réalisais tout juste que j’allais devoir dire adieu à mes projets de bénévolat car les heures de formation tombaient sur mes heures de travail et étaient incompatibles avec un temps plein. Alors quand Elsa a dit « média féministe », je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Bien sûr que j’étais partante. Mieux : j’étais prête. Ce projet était fait pour moi.
J’ai toujours aimé les défis, mais co-fonder un média féministe aura été mon plus gros challenge. Il a fallu apprendre sur le tas, m’adapter, m’organiser pour faire cohabiter mon job à plein temps, ma vie sociale et Sorocité. En un an, tout a changé. J’ai mis un pied dans le journalisme et l’illustration. J’ai appris à dire au revoir à mon syndrome de l’imposteur (même si je fais souvent des rechutes). Mon style de dessin s’est totalement transformé, et je sais que ce n’est que le début d’une très longue route d’expérimentations créatives.
Sorocité grandit en même temps que nous. Notre communauté a doublé de volume lorsque nous avons lancé notre calendrier de l’avent de femmes inspirantes : une fierté immense, malgré les nuits blanches et weekends passés sur l’iPad pour esquisser 24 portraits, en plus des newsletters hebdomadaires. C’était il y a six mois déjà.

Depuis, on a décidé de se lancer dans un projet encore plus fou, encore plus titanesque, encore plus fatigant mais surtout, encore plus excitant. Les meilleures idées commencent toujours ainsi, avec une phrase lancée comme ça, pétrie d’une douce utopie : « Et si on faisait un cahier de vacances féministe ? »
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