Courts, longs, “trop” bouclés, “trop” raides, “pas assez volumineux”… Difficile de se satisfaire de nos cheveux. Souvent, la mèche semble plus resplendissante, souple et malléable sur la tête de notre voisine ou de notre voisin.

Symbole de fertilité, attribut de beauté féminine, les cheveux peuvent facilement être perçus comme une injonction (encore une) à la féminité. Pourtant, certains de nos lectrices, à l’instar de Delphine, d’Océane ou d’Anaïs, nous expliquent qu’elles ne se sont jamais senties aussi féminines qu’avec la boule à zéro ou les cheveux courts…

Océane, 27 ans

Je fais régulièrement la transition entre cheveux très longs et cheveux coupés courts. Et depuis que je l’ai fait pour la première fois, je trouve que cela a remis en question la notion de féminité que j’avais.

Je les ai coupés pour la première fois en 2016, après une dure séparation amoureuse et avant de partir travailler en Angleterre. Je pensais que l’effet serait juste d’entamer « une nouvelle vie ».

Mais j’ai réalisé que ces cheveux courts m’ôtaient un poids, celui de la pression de m’en occuper pour qu’ils soient beaux. Les avoir courts me permettait d’y accorder moins de temps et moins d’inquiétudes.

Paradoxalement, je crois que c’est en coupant mon seul signe extérieur de féminité (je ne porte pas beaucoup de robes, pas de bijoux, pas de maquillage, bref aucun signe de féminité dite « traditionnelle »), que j’ai pu refaçonner la mienne et la rendre plus flexible au gré de mes humeurs et de mes ressentis.

J’ai laissé repousser mes cheveux pour voir ce qui m’allait le mieux et même si j’ai plus facilement accepté les cheveux longs ensuite, ça redevenait toujours une contrainte de les avoir longs, car je ne me sentais pas en osmose avec. Du coup, retour à la case ciseaux. Et  je constate même autour de moi que les gens me voient davantage heureuse avec une coupe courte qui me permet d’être plus personnelle et moi-même, plutôt que les cheveux longs « de rigueur ».

Caroline, 26 ans

Il y a 9 ans, je me suis coupée les cheveux à la garçonne, en hommage à la (sublime) coupe pixie d’Emma Watson. Bien que je ne me trouvais pas moins féminine qu’avant, certains inconnus trouvaient que c’était le cas et se permettaient de me demander si j’étais lesbienne. Ça m’est arrivé en boîte, mais aussi au supermarché, où un couple est passé à côté de moi en chuchotant : « Tu penses qu’elle est lesbienne ? » « La féminité, c’est une attitude pas une coupe de cheveux ! » 

Lorène, 33 ans

Absolument pas ! La féminité, c’est une attitude pas une coupe de cheveux ! J’ai vue nombre de femmes rasées ou aux cheveux courts mille fois plus féminines que moi alors que j’ai une chevelure de sirène. Et j’ai vue nombre d’hommes aux cheveux longs très masculins (non, je ne dirai pas virils). Après tout, ce ne sont QUE des cheveux. Cependant, je pense que certain·e·s font de leur chevelure un atout pour l’expression de leur féminité.

Mandarine, 36 ans

Pour moi, les cheveux sont surtout une partie du corps qui diffère beaucoup d’une personne à une autre. Certain·e·s y voient un attribut de beauté et choisissent de travailler sa chevelure, de la modifier. Personnellement, j’ai un psoriasis qui m’oblige à la laisser la plus naturelle possible. Et cela me convient très bien ainsi. « Cheveux tondus, je me suis sentie pour la première fois de ma vie jolie, avec plus de liberté dans la façon de me maquiller ou de m’habiller de manière sexy. »

Anaïs, 35 ans

Pour avoir tondu mes cheveux en 2016, il me semble que ce ne sont pas les cheveux le gage de la féminité. Cheveux tondus, je me suis sentie pour la première fois de ma vie jolie, avec plus de liberté dans la façon de me maquiller ou de m’habiller de manière sexy. Tout tient à ce que l’on ressent et traverse comme expérience.

Quelques mois avant de tondre mes cheveux; j’ai pratiqué des cours de danse en talons. Le prof se battait pour que l’on fasse ressortir nos « pouvoirs de féminité » (on était principalement des femmes, mais il y avait deux hommes). J’ai aussi pratiqué le roller derby pendant 4 ans et cela m’a aidé à prendre confiance en moi, ainsi qu’en mon côté féminin.

En résumé, il me semble que le gage de féminité tu le trouves où tu veux, quand tu veux, quand tu te sens de le vivre…

Delphine, 38 ans

Je connais parfaitement les diktats de la mode et j’ai, comme beaucoup de femmes, connu ma période cheveux longs. Je les ai coupés il y a plus de 10 ans désormais. Bizarrement, j’ai toujours su que je ne vieillirai pas avec les cheveux longs. Trop d’entretien, trop de temps passer à les laver, à les sécher, à les lisser…

Non, mes cheveux ne devaient pas définir mes attributs et encore moins devenir une contrainte. J’ai donc choisi de les couper progressivement, afin que la transition ne soit pas trop difficile, mais je m’assume pleinement avec ma coupe courte désormais. J’ai évidemment parfois le regret de ne pas pouvoir changer de coupe régulièrement, et mon portefeuille regrette lui aussi de devoir passer plus régulièrement chez le coiffeur, mais si il y a bien une chose que j’assume, ce sont mes cheveux.

J’ai remplacé ma coupe de cheveux par des boucles d’oreilles, que j’arbore de manières différentes, chaque jour en fonction de mes humeurs et de mes états d’âme.
Je n’ai pas de poitrine, j’ai des cheveux courts, je me prépare à faire un rallye auto, mais une chose est sûre : je ne suis pas « moins femme » pour autant. « Mes cheveux sont une partie de mon identité et font mon originalité. »

Nacira, 46 ans

J’entretiens un rapport très sain avec mes cheveux. Je suis rousse bouclée et j’ai de magnifiques anglaises. J’adore leur texture, leur couleur et mes bouclettes. Je n’ai jamais fait de teinture mèche ou lissage sur mes cheveux. Je les lisse chez le coiffeur quand je vais les couper. Cela reste très occasionnel. J’ai la chance de ne pas avoir de cheveux blancs non plus.

 

Stella, 39 ans

Mes cheveux, c’est ma partie du corps préféré. Je les porte mi-longs. Petite, les autres filles voulaient toujours les coiffer. Aujourd’hui, on me demande souvent comment je fais ma couleur, alors que c’est ma couleur naturelle. Et c’est une chance, surtout à mon âge, parce que je n’aurais pas trop d’argent à mettre dans une coloration. Je me passe déjà de crème anti-rides pour faire des économies, mais j’ai acheté récemment un soin pour les cheveux, parce qu’ils étaient trop secs. J’accorde donc officiellement plus d’importance à mes cheveux qu’à mon visage.

En revanche, je me souviens d’une fois au travail, un collègue m’avait caressé les cheveux en disant qu’ils étaient très beaux, ce qui m’a mis très mal à l’aise. J’ai également travaillé avec des enfants de maternelle. Pendant la récréation, presque toutes les filles voulaient me faire des nattes. Les cheveux, c’est aussi une partie du corps qui m’attire chez l’homme. Ça  m’arrive de me dire : « Quels beaux cheveux il a ! »

Claudine, 53 ans

Une coupe de cheveux ou leur couleur ne changent rien à la personne que l’on est. La féminité est une chose plus profonde qui n’a pas besoin de s’exposer selon les critères d’autrui. C’est une aventure qui se vit de l’intérieur. Cheveux courts, longs, noirs ou blonds, j’ai un peu tout essayé sur mes cheveux. Ça m’a amusée et puis… ça prend du temps aussi.

Entre un métier prenant et l’éducation seule d’un enfant, j’ai « économisé » mon temps. Que je les porte courts ou mi-longs, j’ai décidé de les laisser vivre en liberté. Fini les teintures et place au naturel. Aujourd’hui, mes cheveux sont poivre et sel et je trouve ça très joli. Ils ont poussé depuis le confinement. Du coup, je les laisse atteindre le carré. Dans quelques mois, j’aurai à nouveau envie de les porter courts. 

Pour moi, les cheveux longs, tout comme les robes, sont des clichés d’attributs qu’on relie à la féminité. Or, la féminité n’a rien à voir avec une coupe de cheveux ou les vêtements que l’on porte. Être féminine est se sentir femme et de vivre comme une femme. Peu importe la longueur des cheveux et la coupe des habits. Je connais des femmes aux cheveux ultra-courts très féminines et d’autres, aux cheveux longs, qui ne le sont pas. Et je vais encore plus loin : je connais des hommes qui portent les cheveux longs et qui ne sont pas féminins

Bien que nous vivons dans une société d’apparence – parce qu’on nous a éduqué·e·s comme ça – il est important de sortir de nos têtes ces images préfabriquées. L’important, selon moi, est de prendre le temps de regarder les gens tels qu’ils sont. Je trouve fatigant de tout ramener à un sexe.

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Publié par :sorocité

Un commentaire sur “Soro-cité·e·s : Les cheveux sont-ils, selon vous, un gage de féminité ?

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