On ne naît pas féministe, on le devient. Le féminisme est un apprentissage. Le processus commence parfois par un moment clef qui nous fait réaliser les inégalités, nous révolte et nous pousse à vouloir agir.

Cinq femmes et un homme nous ont confié les étapes de ce chemin vers une prise de conscience féministe.

Armelle, 61 ans

J’avais 14 ans. Un article lu dans le journal à propos de Simone de Beauvoir m’a donné envie de lire son ouvrage Le Deuxième Sexe. C’était difficile à cause des notions philosophiques existentialistes que je ne maîtrisais pas. Mais, en glanant quelques passages limpides ici et là, j’ai compris deux ou trois choses sur ma situation de fille. Comme le caractère délibérément construit du rôle que l’on veut nous faire tenir, à nous, les femmes.

Mon devenir féministe par la suite n’a pas été facile tant le contexte hétéro-patriarcal sème des tas d’obstacles devant lesquels il est parfois tentant de reculer plutôt que de monter au front. On peut ainsi être conduite à chérir l’oppresseur en échange d’une distinction ou d’un avantage. Je dirais que le féminisme est avant tout un “work in progress”, une patience de déconstruction et l’apprentissage de la sororité, si mise à mal par le système…

Maurice, 56 ans

J’ai travaillé à la rédaction d’un journal hebdomadaire pendant de nombreuses années. Un concours de circonstances a fait en sorte que j’ai été dès le départ amené à couvrir les différentes activités des Centres-Femmes et de la maison d’hébergement de notre territoire.  Rapidement, j’ai été confronté et sensibilisé aux difficultés vécues par les femmes.

Je crois que cela a aussi fait naître chez moi un grand intérêt pour les sujets touchant les femmes, la reconnaissance de leurs actions et leur rôle important dans toutes les sphères de notre société. J’ai été profondément touché par le discours prononcé par l’actrice et militante Emma Watson devant l’ONU en 2014. Ce discours d’une grande lucidité invitait  les hommes, à travailler à la cause féministe.

J’ai répondu « oui » à l’invitation d’Emma Watson. Soyons des alliés informés et militants, à l’écoute des revendications féministes ; soyons des acteurs actifs pour la reconnaissance d’une société égalitaire.

« Selon la belle expression de Benoîte Groult, ‘il faut guérir d’être femme’. »

Claire, 59 ans

Comme beaucoup de jeunes filles de ma génération, je pense que je suis devenue féministe sans le savoir. Le premier choc de ma condition de fille, je l’ai eu avec le livre Ainsi soit-elle, de Benoîte Groult (1975). Je parle de choc car c’était la toute première fois que j’ai entendu parler d’excision.

À l’époque, j’avais 16-17 ans. Je découvrais horrifiée que l’on pouvait aller jusqu’à mutiler le corps des femmes, dans le seul but de les empêcher d’éprouver du plaisir. Sans oublier l’autre pratique barbare, l’infibulation, qui consiste à leur coudre les grandes lèvres afin de les « préserver » intactes pour leur futur mari.

Pour la jeune fille que j’étais, il y avait vraiment de quoi tomber de sa chaise. Et j’en tombe encore, puisque ces pratiques ont toujours cours, parfois même en France et très souvent pratiquées par des femmes. Depuis, j’ai lu Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir et je suis restée féministe, tant il reste à faire. Mais, selon la belle expression de Benoîte Groult, “il faut guérir d’être femme”. Car nous ne sommes pas une maladie, mais la moitié de l’humanité.  

Sara, 20 ans

Avant, j’avais beaucoup de préjugés sur les féministes. J’avais ces images de Femen qui passent aux informations, celles qui urinent dans des églises. J’ai toujours eu le sens de la justice dans les veines. Mais pas celui de l’égalité des sexes.

Mon père étant très macho, cela m’a toutefois fait réaliser certaines choses. Il y a environ trois ans, j’ai commencé à m’abonner à des comptes Instagram féministes. A partir de là, j’ai commencé à recevoir de plus en plus de suggestions de comptes à suivre et c’est comme ça que je me suis plongée dans le féminisme ! Cela a changé ma manière de vivre, de penser, de parler.

Hier, je rigolais aux blagues de certain·e·s humoristes. Aujourd’hui, ces mêmes blagues me choquent.  Merci à ces pages Instagram qui m’ont aidée à ouvrir les yeux. Merci à ces personnes qui prennent le temps pour informer, sensibiliser. Je suis féministe et je n’ai pas peur de le dire.
 

« Je dirais que le féminisme est avant tout un work in progress »

Allegra

J’avais 14 ans. Un article lu dans le journal à propos de Simone de Beauvoir m’a donné envie de lire « Le deuxième sexe ». C’était difficile à cause des notions philosophiques existentialistes que je ne maîtrisais pas. Mais, en glanant quelques passages limpides ici et là, j’ai compris deux ou trois choses sur ma situation de fille. Comme le caractère délibérément construit du rôle que l’on veut nous faire tenir, à nous, les femmes.

Mon devenir féministe par la suite n’a pas été facile tant le contexte hétéropatriarcal sème des tas d’obstacles devant lesquels il est parfois tentant de reculer plutôt que de monter au front. On peut ainsi être conduite à chérir l’oppresseur en échange d’une distinction ou d’un avantage. Je dirais que le féminisme est avant tout un work in progress, il faut avoir la patience de la déconstruction et l’apprentissage de la sororité, si mise à mal par le système…

Louisiane

Quand ma sœur a accouché d’une petite fille, là, c’est devenu une évidence. J’avais en tête tout ce qu’elle pouvait accomplir de beau dans la vie en étant une femme et en parallèle tout ce qu’elle allait subir à chaque étape et ça m’a contrarié et motivé. Depuis ce jour je me suis dit que j’allais me battre pour elle, pour qu’elle puisse grandir dans un monde un peu moins sexiste, machiste et patriarcal. Depuis ce jour, je suis ouvertement investie et fière dans la cause féministe, je participe aux manifestations, je fais des dons aux associations, je suis bénévole pour certains mouvements et j’ouvre ma bouche quand je le veux et quand il le faut.

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Publié par :sorocité

Un commentaire sur “Soro-cité·e·s : « Comment j’ai réalisé que j’étais féministe »

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